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LE VAGABOND DES ÉTOILES

mes, Lodbrog, vous sont dévoués, et ce sont seulement les auxiliaires qui doivent Le conduire à la croix. L’affreux cortège ne doit pas atteindre le Golgotha. Attendez qu’il ait franchi l’enceinte de la ville, puis délivrez le fils de Dieu. Prenez pour Lui un cheval supplémentaire, et emmenez-Le avec vous, en Idumée, en Syrie, n’importe où, pourvu qu’Il soit sauvé !

Elle m’enlaça le cou, de ses beaux bras, leva ses yeux profonds vers les miens et son visage effleura mes joues. Toute la séduction intense qui émanait d’elle semblait dire :

— Fais comme je te demande, et je t’appartiens !

Je demeurai anéanti. Cette femme admirable me promettait son amour… si je trahissais Rome ! Elle était plus femme encore que je ne le croyais.

Je me tus, sans pouvoir rien répondre. Miriam prit mon silence pour un acquiescement. Elle se dégagea lentement de mon étreinte, parut réfléchir longuement, puis ajouta :

— Vous prendrez, Lodbrog, un cheval de plus. Il sera pour moi. Je partirai avec vous… Et je vous suivrai à travers le monde, partout où il vous plaira d’aller…

C’était me faire un présent de roi, un présent en échange duquel on me demandait un acte honteux. Je ne répondais toujours rien. J’étais triste, immensément triste. Non point que j’hésitasse sur mon devoir. Mais je comprenais que j’allais perdre, à tout jamais, celle qui était là, devant moi.

Elle reprit, avec insistance :

— Il n’y a aujourd’hui qu’un homme, à Jérusalem, qui soit capable de Le sauver. Et cet homme, c’est vous, Lodbrog !

Comme je demeurais immobile et silencieux, elle me saisit dans ses mains nerveuses, et me secoua si violemment que mes armes en cliquetèrent.

— Parlez, Lodbrog ! Parlez ! ordonna-t-elle. Vous êtes un homme fort et vaillant ! Vous ne redoutez pas,