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SUR LE VOLCAN JUIF DE JÉRUSALEM

Tout près de moi, un fanatique, tout pouilleux, avec une longue barbe et de longs cheveux, n’arrêtait pas de sauter en l’air, en chantant sans trêve :

— Tibère est empereur ! Il n’y a pas de Roi des Juifs ! Tibère seul est empereur !

Irrité, et pensant ainsi le faire taire, je posai sur un de ses pieds, comme par mégarde, ma lourde sandale, qui l’écrasa. Mais le fou ne parut pas y prêter attention, et il continuait à chanter :

— Tibère seul est empereur ! Il n’y a pas de Roi des Juifs !

Je vis Pilate, l’homme de fer, qui hésitait. Ses yeux errèrent sur moi, comme pour me demander conseil. Moi et mes légionnaires, nous étions tellement écœurés du spectacle de lâcheté que nous donnait cette tourbe, que nous n’attendions qu’un signe pour tirer nos glaives et nettoyer le terrain. Jésus me regardait. Il me commandait…

On sait que ce fut la prudence qui, finalement, l’emporta chez Pilate, qu’il se lava les mains de la mort du pêcheur, et que les émeutiers acceptèrent que le sang du crucifié retombât sur leur tête et sur celle de leurs enfants.

Alors, par une dernière dérision à l’adresse de ce peuple vil, Pilate, malgré les protestations des prêtres, fit clouer le lendemain, sur la croix de Jésus, un écriteau où on lisait, en hébreu, en grec et en latin : Le Roi des Juifs.

Pour l’instant, l’orage était apaisé. La cour du palais se vida. La foule et les prêtres étaient satisfaits.

Tandis qu’on emmenait Jésus, une des femmes de Miriam vint me chercher, pour me conduire près d’elle.

Quand elle me vit, elle commanda qu’on nous laissât seuls. Alors elle m’attira vers elle et, se laissant aller dans mes bras :

— Je sais, dit-elle, que Pilate s’est laissé fléchir par les prêtres et par la populace. Il a donné l’ordre qu’on Le crucifie. Mais il est temps encore de Le sauver. Vos hom-