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SUR LE VOLCAN JUIF DE JÉRUSALEM

delà même de mon entendement ! Mais Rome est ma mère nourricière. Si je la trahissais, je deviendrais, par cela même, indigne de votre amour.

Dehors, la clameur qui suivait Jésus s’était éloignée. Tout était redevenu muet dans Jérusalem comme dans le palais. Miriam me tourna le dos, sans un mot d’adieu, et se dirigea vers la porte, pour s’en aller.

Une ruée de désirs fous remonta en moi. Je courus après elle et, sur sa chair qui se débattait, mes bras resserrèrent leur étau puissant. Je lui clamai que j’allais la mettre avec moi sur mon cheval, et l’emporter loin de cette ville maudite, de cette ville de folie. Je l’écrasai contre moi.

Elle me frappa au visage. Mais je ne la lâchai point, car ses coups m’étaient doux. Alors, elle cessa de lutter. Elle devint froide et inerte. Et je compris que celle que j’étreignais ne m’aimait plus. Ce n’était plus que son cadavre que j’avais entre les bras.

Lentement, je desserrai mon étreinte. Lentement elle se recula, à pas lents elle s’éloigna et, soulevant les tentures de la porte, disparut.

Tels sont les faits dont moi, Ragnar Lodbrog, j’affirme, avec simplicité et droiture, avoir été témoin. Tels que je les ai racontés, je les rapportai à Sulpicius Quirinus, légat de Rome en Syrie, vers qui je fus ensuite envoyé par Pilate, pour le mettre au courant des événements qui s’étaient déroulés à Jérusalem.