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LE VAGABOND DES ÉTOILES

sement. Les ongles de ses doigts me labourèrent la peau, comme ceux d’un lynx. Mais je tins bon et la maîtrisai, et, deux jours durant, je la battis, pour la contraindre à se soumettre à moi. Alors elle m’obéit et me suivit docilement sous ma hutte, qui était plantée sur des pilotis, dans un marais, comme un perchoir.

Elle était à demi-vêtue, pour se protéger du froid, des peaux sanglantes et sordides de bêtes que j’avais tuées. Sa peau basanée était noircie par la fumée de notre foyer et, lorsque cessaient les pluies du printemps, demeurait souvent des mois entiers, sans être lavée. Elle avait des mains calleuses, aux doigts noueux et aux ongles racornis, pareils à des griffes de bêtes, et ses pieds, aux coussinets tannés par la marche, ressemblaient bien plutôt à des extrémités de pattes.

Mais ses yeux étaient bleus comme l’azur du ciel, profonds comme la mer et, quand je la pressais contre ma poitrine velue, quand ses bras sauvages m’enlaçaient et quand nos jambes se mêlaient, son cœur battait déjà à l’unisson du mien.

J’avais un rival, je m’en souviens, le vieux Dent-de-Sabre, aux longs crocs et aux longs cheveux, dont les rugissements et les cris aigus, durant la nuit, venaient souvent jusqu’à nous. Alors, pour le détruire, j’établis un piège, pareil à ceux qui me servaient à prendre les bêtes féroces et les ours : une fosse profonde, recouverte de branchages, avec un épieu aigu, planté au fond.

Igar était largement bâtie, avec de vastes mamelles. Nous riions tous deux, sous le soleil du matin, tandis que notre enfant-homme et notre enfant-femme, le corps doré comme des abeilles, se traînaient et se roulaient sur le sol, parmi les épines des buissons.

Nous eûmes ainsi plusieurs fils et plusieurs filles, qui procréèrent, à leur tour, d’autres enfants. Ma compagne et moi étions déjà vieux quand déferla vers nous, comme une grande vague, une ruée d’hommes noirs, au front plat et aux cheveux crépus, devant qui nous nous