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LE VAGABOND DES ÉTOILES

dans ce cas, on me frapperait d’une peine nominale de trente jours de cachot, que je ne ferais point, et au bout desquels on me nommerait Surveillant de la Bibliothèque. Ou je persisterais dans mon entêtement à ne point rendre la dynamite. En ce cas, ce serait pour moi la Cellule Solitaire jusqu’au terme de ma condamnation. C’est-à-dire in æternum, puisque j’étais un condamné à vie.

Non, non ! Aucun code n’a jamais pu promulguer une telle loi ! La Californie est un pays civilisé, ou du moins qui s’en vante. L’éternelle Cellule Solitaire est une peine monstrueuse, dont aucun État, semble-t-il, n’a jamais osé prendre la responsabilité ! Et, pourtant je suis le troisième homme, en Californie, qui a entendu prononcer contre lui cette condamnation. Les deux autres sont Jake Oppenheimer et Ed. Morrell. Bientôt vous ferez avec moi leur connaissance, car c’est en leur compagnie que j’ai passé cinq ans dans ma cellule silencieuse.

Le Grand Conseil me donna donc le choix : un emploi agréable et de confiance dans la maison, et ma libération totale de l’atelier de tissage, si je rendais une dynamite qui n’existait pas ; la détention solitaire jusqu’à ma mort, si je refusais.

On me gratifia de vingt-quatre heures de camisole de force, afin que je pusse réfléchir là-dessus. Puis on me ramena devant ces messieurs. Que pouvais-je faire ? Je réitérai pour la centième fois, que j’étais impuissant à les conduire devant un objet inexistant. Ils me ripostèrent que j’étais un menteur. Ils me dirent que j’étais une mauvaise tête, un fléau vivant, un dégénéré vicieux et le plus grand criminel du siècle. Et je ne sais quoi encore.

Pour conclusion, je fus reconduit, cette fois, non plus aux cachots ordinaires, mais au Quartier des Cellules Solitaires. On m’enferma dans la cellule numéro 1. Le numéro 5 était occupé par Ed. Morrell. Le numéro 12 par Jake Oppenheimer. Il y était depuis dix ans ; Ed. Mor-