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LE VAGABOND DES ÉTOILES

Je faillis crier tout haut ma joie. J’avais autour de moi de la société ! Et il existait un moyen de communiquer avec elle !

Avidement, mon oreille se tendit et les autres coups, plus proches, que je devinais provenir d’Ed. Morrell, répondaient :

— Je ferais volontiers vingt heures de suite dans la camisole pour un tout petit paquet.

Puis vint le grognement du gardien, qui l’interrompit par ces mots :

— Assez ! Morrell !

Les profanes seraient peut-être tentés de croire qu’un condamné à vie a subi le pire et que, par suite, un simple gardien n’a aucune qualité ni aucun pouvoir pour le contraindre à obéir, quand il lui défend de parler. Eh bien, non ! Il reste la camisole. Il reste la faim. Il reste la soif. Il reste les coups. Et totalement impuissant à se rebiffer est l’homme enclos dans une cellule.

Le tapotement cessa. Puis, quand il reprit, au cours de la nuit suivante, je me trouvai tout déconcerté. Mes co-détenus avaient modifié la lettre initiale de leur alphabet. Mais j’en avais saisi la base et, au bout de quelques jours, les mêmes signes employés la première fois s’étant renouvelés, je compris à nouveau. Je ne perdis pas de temps en politesses.

— Holà ! frappai-je.

— Holà ! étranger… répondit Morrell, en frappant à son tour.

Et, d’Oppenheimer :

— Bienvenue à toi dans notre cité.

Ils étaient curieux de savoir qui j’étais, depuis combien de temps j’avais été mis en cellule, et pourquoi. Mais j’éludai toutes ces questions, pour leur demander de m’apprendre tout d’abord la clef qui leur permettait de modifier à leur gré leur code alphabétique. Quand j’eus bien compris, nous commençâmes à causer.

Ce fut un grand jour dans notre existence mutuelle.