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« SAMARlE ! »

cient, nous extérioriser complètement de notre vie actuelle ! Alors les portes bien closes de notre cerveau s’ouvriraient, toutes grandes, et le passé resurgirait soudain au soleil. Telles sont les pensées qui me hantaient sans trêve, dans ma cellule.

Mais laissez-moi d’abord vous conter une étrange et authentique aventure.

C’était tout là-bas, au Minnesota, dans la vieille ferme où je suis né. J’allais alors vers mes six ans. Un jour, vint un missionnaire pour la Chine, qui était récemment de retour aux États-Unis et que le Conseil directeur des Missions envoyait chez les fermiers, afin d’y quêter. On lui offrit l’hospitalité de la nuit.

Après le dîner, comme nous étions tous rassemblés dans la cuisine, et tandis que ma mère s’apprêtait à me déshabiller pour me mettre au lit, le missionnaire sortit de sa poche des photographies de la Terre Sainte qu’il nous montra.

Tout à coup — il y a longtemps que je l’aurais oublié, si je n’avais entendu mille fois, par la suite, mon père raconter le fait aux auditeurs ébahis — tout à coup, à l’aspect d’une de ces photographies, je jetai un cri. Après quoi, je la regardai avec ardeur tout d’abord, puis d’un air désappointé.

À la première impression — c’est ce que je répondis quand on m’interrogea — elle m’avait paru tout à fait familière. Aussi familière que si eût été représentée dessus la ferme de mon père. Puis elle m’avait semblé complètement étrangère.

Cependant, comme je m’étais remis à la regarder, l’impression première, d’un lieu bien connu de moi, me revint, et reprit le dessus dans mon cerveau d’enfant.

— La Tour de David… dit le missionnaire à ma mère.

— Non ! m’écriai-je d’un ton assuré.

— Tu prétends que ce n’est pas son nom ? demanda le missionnaire.

Je fis un signe de tête affirmatif.