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LE VAGABOND DES ÉTOILES

— Alors, mon petit, son nom, quel est-il ?

— Son nom… commençai-je.

Mais je ne pus continuer et, en bredouillant, j’achevai :

— J’ai oublié…

Je me tus un instant, repris dans mes mains la photographie et déclarai :

— Cette tour n’est plus pareille à ce qu’elle était autrefois. On l’a beaucoup arrangée.

À ce moment, le missionnaire tendit à ma mère une autre photographie.

— Voilà, dit-il, où j’étais il y a six mois.

Et, faisant un signe du doigt :

— Ceci est la Porte de Jaffa. Sous elle je suis passé, pour monter de là, tout droit, à la Tour de David. Les autorités compétentes sont d’accord sur cette identification. El Kul’ah, l’appelait-on…

Ici, j’interrompis à nouveau et, désignant sur la gauche de la photographie des piles ruinées de maçonnerie :

— Non, là était la porte dont vous parlez. Le nom que vous venez de dire est celui que lui donnaient les Juifs. De mon temps, on l’appelait autrement. On l’appelait… J’ai encore oublié ce nom.

— Écoutez le gosse ! s’exclama mon père en riant. Ne croirait-on pas, à l’entendre, qu’il y est réellement allé ?

Je hochai la tête, sans répondre, car je savais bien, quoique tout me parût différent de ce que j’avais vu, que j’y étais effectivement allé.

Mon père riait toujours, à gorge déployée. Quant au missionnaire, il pensait que je voulais me moquer de lui.

Il me tendit une troisième photographie.

Elle représentait un paysage âpre et dénudé, sans arbres presque, ni végétation, un ravin rocheux, où étaient groupées quelques misérables masures en pierres plates, avec des toits en terrasse.