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« SAMARlE ! »

— Maintenant, petit, me dit le missionnaire d’un ton railleur, qu’est-ceci ?

Instantanément, je répondis :

— Samarie !

Mon père battit des mains, avec allégresse, ma mère semblait toute étonnée des choses bizarres qui se passaient, et le missionnaire, de plus en plus persuadé qu’on se moquait de lui, ne cachait pas son irritation.

— L’enfant a raison, dit-il. C’est bien Samarie, en Terre Sainte. J’ai moi-même traversé ce village, et c’est en souvenir que j’ai acheté cette photographie. L’enfant en aura vu d’autres exemplaires. C’est tout ce que cela prouve.

Mon père et ma mère affirmèrent le contraire.

Je pris la parole.

— Ici encore, l’image est différente de ce que j’ai connu… Je m’efforçais en moi-même de reconstituer, tant d’après la photographie que d’après ma mémoire, le paysage tel que j’en avais souvenance. Son allure générale, ni la ligne d’horizon des collines, ne s’étaient modifiées. Je désignai du doigt ce qui avait changé. Les maisons, dis-je, n’étaient pas à la même place, mais ici, à peu près. Les arbres étaient plus nombreux. Il y en avait tout un bois et, çà et là, des touffes d’herbe, avec beaucoup de chèvres. Il me semble que je les vois encore, et deux jeunes bergers qui les conduisaient. Je vois… je vois aussi, à cet endroit, un tas de vagabonds. Ils n’ont pour vêtements que des guenilles. Ils sont tous malades. Leur figure, leurs mains, leurs jambes sont autant de plaies…

Le missionnaire sourit, moins fâché, et déclara :

— L’enfant, à l’église ou autre part, a entendu parler du miracle de la guérison des lépreux… Combien étaient présents, de ces vagabonds malades ?

Dès l’âge de cinq ans, j’avais su compter jusqu’à cent. Je fixai ma pensée sur le groupe que j’évoquais et je répondis :