Page:London - Le rêve de Debs, trad Postif, paru dans Regards du 7 au 28 mai 1936.djvu/47

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tés gisaient des cadavres. Le quartier des affaires et une partie de celui des villas avaient été dévastés par l’incendie. Quelques hôtels particuliers restaient debout, mais quand nous fîmes mine d’approcher, on nous tira dessus. Nous rencontrâmes une femme en train de fouiller dans les ruines fumantes de sa maison.

Millionnaires et pauvres bougres, après avoir combattu côte à côte pour s’emparer des victuailles, s’étaient battus entre eux pour le partage. La ville de Palo Alto et l’Université de Stanford avaient subi le même sort, nous dit-on. Devant nous se trouvait un territoire désolé, dévasté ; et nous poussâmes un soupir de soulagement en détournant nos chevaux vers la route menant à ma propriété. Elle se trouvait à trois ou quatre kilomètres vers l’ouest, dissimulée parmi les premiers contreforts de la montagne.

Nous devions constater en avançant que la dévastation ne s’était pas bornée aux grandes artères. L’avant-garde de la ruée avait suivi les routes et mis à sac les petites villes en passant. Mais les suivants s’étaient déversés en éventail pour balayer la campagne. Ma maison, construite en béton, maçonnerie et tuiles, avait échappé à l’incendie, mais non au pillage. Dans le moulin à vent nous trouvâmes le cadavre du jardinier, entouré