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Page:London - Les Temps maudits, 1974.djvu/107

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LES TEMPS MAUDITS

L’homme s’assit près de la fenêtre sur une chaise branlante qui gémit sous son poids, puis porta machinalement sa pipe à la bouche et une main à la poche de son veston. Le manque de tabac lui rappela la futilité de ce geste, et, fronçant le sourcil, il mit la pipe de côté. Ses mouvements, lents et en quelque sorte massifs, paraissaient alourdis par l’hypertrophie de ses muscles. Ses vêtements d’étoffe grossière étaient vieux et déformés. Les empeignes de ses chaussures paraissaient trop faibles pour supporter le ressemelage épais qui, lui-même, ne datait pas d’hier. Et sa chemise de coton, un article à bon marché, montrait un col éraillé et des taches de peinture indélébile.

Mais ce qui décelait sans erreur possible le genre d’occupation de Tom King, c’était son visage, un visage de boxeur professionnel, d’homme qui, au cours de longues années de service sur le ring carré, a développé et accentué toutes les marques de la bête de combat : visage rasé de près, comme pour mieux laisser voir ses traits nettement menaçants. Les lèvres informes constituaient une bouche rudimentaire à l’excès, pareille à une balafre. La mâchoire était agressive, brutale