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Page:London - Les Temps maudits, 1974.djvu/108

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UNE TRANCHE DE BIFTECK

et massive. Les yeux aux mouvements lents et aux pesantes paupières, presque dépourvus d’expression sous des sourcils en broussailles et toujours froncés, représentaient peut-être la caractéristique la plus bestiale de cet être brutal de la tête aux pieds ; des yeux endormis, léonins, des yeux d’animal agressif. Le front obliquait court vers une chevelure tondue et laissant voir toutes les bosses d’une mauvaise tête. Un nez cassé en deux endroits et déformé par d’innombrables coups de poing, et une oreille pareille à un chou-fleur, toujours enflée et détendue au double de sa dimension naturelle, complétaient le portrait, tandis que la barbe, rasée pourtant de frais, pointait sous la peau et communiquait à tout le visage une teinte d’un noir bleuâtre.

En résumé, c’était la physionomie d’un de ces hommes qu’on ne se soucie guère de rencontrer dans une ruelle sombre ou un lieu écarté. Pourtant Tom King n’était pas un malfaiteur et n’avait jamais commis la moindre action criminelle. À part quelques rixes assez ordinaires dans son milieu social, il n’avait jamais fait de mal à une mouche : et jamais on ne l’avait vu chercher noise à quiconque. Boxeur professionnel, il réservait toute sa