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Page:London - Les Temps maudits, 1974.djvu/140

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UNE TRANCHE DE BIFTECK

et frappait des coups formidables, dont chacun constituait une torture pour ses mains abîmées. Bien qu’il ne reçût plus guère de horions, il s’affaiblissait aussi rapidement que l’autre. Ses coups portaient, mais n’étaient plus appliqués avec tout son poids derrière, et chacun d’eux lui coûtait un pénible effort de volonté. Ses jambes étaient de plomb, et il les traînait visiblement : si bien que les partisans de Sandel, réconfortés par ces symptômes, se mirent à encourager leur champion à grands cris.

King, éperonné par un nouvel effort, frappa coup sur coup, l’un de gauche, un peu trop haut, au plexus solaire, et l’autre du droit sur la mâchoire. Ces coups ne possédaient pas une lourdeur extraordinaire, mais Sandel était si faible et étourdi qu’il tomba et resta étendu, frissonnant.

L’arbitre, penché sur lui, comptait à haute voix les fatales secondes. S’il ne se relevait pas avant la dixième, il perdait la bataille. Un silence inquiet planait sur le public. King, tremblant sur ses jambes, se sentait en proie à un étourdissement mortel : devant ses yeux s’enflait et s’affaissait l’océan des visages, tandis que ses oreilles percevaient comme à