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AU SUD DE LA FENTE

blait un être tout à fait différent. Bill Totts non plus ne marchait pas la tête basse, mais toute sa personne s’assouplissait et devenait gracieuse. Le son même de sa voix changeait, il riait fort et de bon cœur, et ses paroles libres, entrecoupées parfois de jurons, lui montaient naturellement aux lèvres.

En outre, Bill Totts était enclin à rentrer tard, et parfois, dans les bars, à se montrer d’une familiarité agressive avec d’autres ouvriers. Enfin, dans les parties de campagne dominicales ou en revenant du spectacle, l’un ou l’autre de ses bras se glissait avec une familiarité experte autour d’une taille féminine, tandis qu’il déployait un esprit vif et charmant dans les badinages coutumiers à un brave garçon de sa classe.

Bill Totts était si bien lui-même, si parfait ouvrier, si authentique habitant du sud de la Fente, qu’il éprouvait la solidarité de classe commune aux gens de son espèce, et que sa haine contre les briseurs de grève dépassait même la moyenne de celle des syndiqués sincères.

Au cours de la grève du port, Freddie Drummond réussit à faire abstraction de sa combinaison paradoxale, et observa d’un œil