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LES TEMPS MAUDITS

froid et critique Bill Totts rosser allégrement les portefaix jaunes.

Car Bill Totts payait régulièrement ses cotisations comme membre de l’Union des Portefaix et avait droit de s’indigner contre les usurpateurs de son emploi. Le « gros Bill Totts » était vraiment si gros et si fort qu’on l’envoyait au front de bataille dès que du grabuge s’annonçait.

À force de simuler la colère, Freddie Drummond, dans ce rôle de son propre sosie, en vint à l’éprouver réellement, et ce fut seulement en rentrant dans la classique atmosphère de l’Université qu’il put élaborer de saines et conservatrices généralisations sur ses expériences dans le monde d’en bas et les coucher sur le papier, comme doit le faire un sociologue averti.

Alors Freddie Drummond aperçut clairement qu’il manquait à Bill Totts une perspective susceptible de l’élever au-dessus de sa conscience de classe.

Mais Bill Totts ne pouvait se placer à ce point de vue. Quand un jaune lui prenait son gagne-pain, il voyait rouge et ne voyait guère autre chose. C’était Freddie Drummond qui, dans une irréprochable tenue mentale et