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LE RENÉGAT

Il recommença à jouer des poings, cette fois avec plus de force et d’adresse, et soudain ouvrit les yeux. Elle le lâcha aussitôt. Il était éveillé.

— Ça va ! grommela-t-il.

Elle prit la lampe et sortit à la hâte, le laissant dans l’obscurité.

— Tu seras à l’amende ! dit-elle en s’esquivant.

Les ténèbres ne l’inquiétaient guère. Une fois vêtu, il passa dans la cuisine, d’un pas bien lourd pour un garçon si maigre et si léger, et en traînant les pieds, ce qui semblait incompatible avec ses tibias décharnés. Il attira près de la table une chaise dépaillée.

— Jeannot ! cria sa mère d’un ton impératif.

Il se leva vivement et se dirigea sans dire un mot vers un évier graisseux et sale. Du tuyau montait une mauvaise odeur à laquelle il ne prêta aucune attention. La puanteur même de l’évier lui semblait conforme à l’ordre des choses, tout comme la saleté du savon et sa paresse à mousser ; il n’essaya guère, d’ailleurs, de l’y contraindre. Quelques éclaboussures du robinet entrouvert complétèrent la cérémonie. Il omit de se laver les