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Page:London - Les Temps maudits, 1974.djvu/43

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LES TEMPS MAUDITS

seulement de la promptitude. Les petites bobines se vidaient si vite et les grosses qui les vidaient étaient si nombreuses, qu’il n’y avait pas un instant à perdre.

Il travaillait machinalement. Dès qu’une petite bobine se vidait, il se servait de la main gauche comme d’un frein pour arrêter la grande bobine tout en attrapant, au vol, entre le pouce et l’index, le bout du fil. En même temps, de la main droite, il saisissait le bout du fil d’une petite bobine. Ces gestes divers des deux mains s’accomplissaient simultanément et vivement. Puis on voyait sa main, comme un éclair, faire un nœud de tisserand et lâcher la bobine. Ce genre de nœud ne présentait aucune difficulté. Jeannot s’était vanté un jour de pouvoir le faire en dormant : ce n’était que trop vrai : il lui arrivait de passer des nuits longues d’un siècle à confectionner en rêve d’innombrables nœuds de tisserand.

Certains apprentis flânaient, perdaient du temps et usaient la mécanique en ne remplissant pas tout de suite les bobines vides. Un contremaître était chargé d’y veiller. Il surprit en faute le voisin de Jeannot et lui calotta les oreilles.

— Regarde ton voisin Jeannot… Pour-