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Page:London - Les Temps maudits, 1974.djvu/66

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LE RENÉGAT

et les livres scolaires coûtent cher. À certains moments, plus il travaillait vite, plus le prix de la vie montait rapidement. Le loyer même augmentait, bien que le logement se dégradât de plus en plus, faute de réparations.

Il avait grandi, mais cet accroissement de hauteur ne faisait qu’accentuer sa maigreur. En outre, il devenait de plus en plus nerveux, et par suite de plus en plus morose et irritable. Les enfants, au prix de plusieurs expériences amères, avaient appris à ne pas se trouver sur son chemin. Sa mère le respectait en proportion de sa facilité de gain, mais son respect se teintait plus ou moins de crainte.

Pour lui, la vie était sans joie. Jamais il ne regardait défiler la procession des jours. Il passait les nuits dans un sommeil inconscient et spasmodique. Le reste du temps, il travaillait, et alors sa conscience devenait mécanique. À part cela, son esprit demeurait vide. Il ne professait aucun idéal et n’entretenait qu’une seule illusion, à savoir qu’il buvait d’excellent café. Il se réduisait à l’état de bête de somme, dépourvue de toute vie mentale ; cependant dans les cryptes inconnues de son cerveau, sans qu’il s’en rendît compte, s’opérait le pesage et le tri de toutes ses heures de travail,