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LE CHINAGO

véritables esclaves jusqu’au terme de leur engagement.

Une fois, au commencement de la première année des contrats de travail, il avait tué un coolie d’un seul coup de poing. Sans lui écraser la tête comme une coquille d’œuf, le coup avait suffi à en brouiller le contenu, et l’homme mourut après une semaine de souffrances. Cependant les Chinois ne portèrent pas plainte devant les diables français qui gouvernent Tahiti. C’était à eux de se tenir sur leurs gardes. Van Hooter constituait pour eux le problème à résoudre. Ils devaient éviter sa colère comme ils évitaient les mille-pieds venimeux qui se cachent dans l’herbe ou rampent dans les dortoirs à la saison des pluies.

Les Chinagos — tel est le nom que leur donnaient les indolents indigènes à peau brune, — s’arrangeaient pour ne pas trop déplaire à Van Hooter, ce qui revient à dire qu’ils lui fournissaient un abondant rendement de travail.

Ce coup de poing de Van Hooter valut des milliers de dollars à la Compagnie, et le garde-chiourme ne fut jamais inquiété le moins du monde.