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LES TEMPS MAUDITS

Qu’importaient Van Hooter et son redoutable poing ? Quant à la victime, un simple Chinago, après tout ! En outre, il était mort d’un coup de soleil, comme en témoignait le certificat du docteur.

À vrai dire, de mémoire d’homme à Tahiti, jamais personne n’y est mort d’insolation. Mais c’était précisément ce qui faisait de la mort du Chinago un cas unique, comme le déclara le médecin dans son rapport : il était très loyal. Les dividendes devaient être payés, sans quoi un échec de plus viendrait s’ajouter à tous ceux qui constituent l’histoire de Tahiti.

Ah-Cho s’étonnait que le jugement fût si long à formuler. Pas un des accusés n’avait porté la main sur Choung-Ga. Ah-San seul l’avait tué, l’empoignant par sa natte et lui renversant la tête, puis, de derrière, allongeant le bras et lui plantant son couteau dans le corps à deux reprises. Ah-Cho se représentait la scène du meurtre, la rixe, l’échange de grossières injures à l’adresse de vénérables ancêtres, de malédictions lancées sur des générations à naître, puis le bond d’Ah-San saisissant Choung-Ga par sa natte, le poignard s’enfonçant deux fois dans la chair, enfin la porte ouverte avec fracas, l’irruption de Van