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LES TEMPS MAUDITS

Le juge ajouta quelques mots, et l’interprète expliqua que les graves meurtrissures infligées au visage d’Ah-Chow par la courroie de Van Hooter permettaient de reconnaître son identité sans hésitation possible : puisqu’il fallait un condamné à mort, autant celui-là qu’un autre. De même les meurtrissures de la figure d’Ah-Cho, moins graves pourtant, fournissaient une preuve concluante de sa présence et sans doute de sa participation au meurtre et justifiaient sa condamnation à vingt ans de travaux forcés. Et ainsi de suite, la proportion de chaque sentence s’expliquant en raison décroissante jusqu’aux dix années d’Ah-Tong. En conclusion de ce verdict, le juge formula l’espoir que la leçon profiterait aux Chinagos : car ils devaient apprendre qu’à Tahiti aucun cataclysme ne saurait empêcher le triomphe de la loi.

Les cinq Chinagos se laissèrent reconduire en prison, sans manifester ni surprise ni chagrin. Une sentence inattendue était tout à fait conforme à l’expérience acquise dans leurs rapports avec les diables blancs. De la part de ceux-ci, un Chinago ne s’attendait guère qu’à de l’inattendu. Ce sévère châtiment pour un crime qu’ils n’avaient pas