Page:London - Les Vagabonds du rail, 1974.djvu/137

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que je n’étais pas un sot et un peu aussi, j’imagine, pour moi-même. Bien entendu, je n’avais nul dessein de m’associer à son existence médiocre et sordide, mais j’eusse été idiot de refuser tous les avantages que son amitié me rendait possibles. Une fois embourbé dans la lave brûlante de l’enfer, on ne peut plus choisir son chemin : tel était mon cas au pénitencier du comté d’Érié. Il me fallait vivre en bons termes avec ces embusqués ou me résigner aux travaux forcés avec un régime de pain sec et d’eau, et, pour rester dans la bande, je devais m’accommoder de cette amitié plutôt équivoque.

La vie n’avait rien de monotone dans le pénitencier. Chaque jour il se passait quelque fait saillant : des prisonniers avaient des crises, devenaient fous, se battaient, ou les prévôts s’enivraient. Jack-l’Errant, un des hommes de hall, était notre étoile. C’était un pur professionnel, et en cette qualité il jouissait de toutes sortes de faveurs de la part des gardes-chiourme. Joë-de-Pittsburg, le second homme de hall, se joignait d’ordinaire aux beuveries de Jack-l’Errant, et ils disaient en plaisantant