Page:London - Les Vagabonds du rail, 1974.djvu/138

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que le pénitencier du comté d’Érié était le seul endroit où l’on pouvait prendre des cuites sans se faire coffrer. On m’a raconté qu’ils s’intoxiquaient avec du bromure de potassium, volé au dispensaire. Mais quelle que fût la drogue, ce dont je suis certain, c’est que tous deux se soûlaient parfois abominablement.

Notre hall était un ramassis des plus sordides, composé des débris et de la pourriture, des scories et de la lie de la société : individus tarés, dégénérés, fous, crétins, épileptiques, monstres, avortons, en résumé un vrai cauchemar d’humanité. D’où les crises fréquentes chez nous. Elles semblaient contagieuses. Quand un détenu commençait à piquer une crise, d’autres suivaient son exemple. J’ai compté jusqu’à sept malheureux pris d’accès au même moment, emplissant l’air de leurs cris affreux, cependant qu’un nombre égal de détraqués, devenus furieux, vociféraient du haut en bas de la prison. Aucun soin n’était donné aux épileptiques, sauf un seau d’eau froide. Inutile d’appeler le médecin ou l’étudiant de service : ces messieurs refusaient de se déranger pour des cas aussi communs.