Page:London - Les Vagabonds du rail, 1974.djvu/194

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Alors la bonne femme t’allonge une tranche de poitrine de truie et un bout de pain sec.

… Étendu sur le sable, je prêtais l’oreille aux conversations de ces nomades, qui me faisaient considérer comme bien mesquins les exploits des pilleurs d’huîtres. À chacune de leurs paroles, un nouveau monde s’ouvrait devant moi, un monde d’essieux, de wagons à bagages, de « Pullman à glissières », de policiers, etc. Tout cela s’appelait l’Aventure. Parfait ! Je tâterais, moi aussi, de cette vie-là.

Je me comparai ensuite à tous ces gosses du rail. J’étais aussi fort qu’eux, aussi vif, aussi nerveux, et mon cerveau valait bien le leur !

Après leur baignade, à la tombée de la nuit, ils se rhabillèrent et montèrent en ville. Je les suivis. Ils se mirent à mendier de l’argent dans la rue principale. De ma vie je n’avais encore tendu la main ; ce fut la plus dure épreuve dont j’eus à souffrir en partant sur le trimard. Sur ce chapitre j’avais des notions absurdes. D’après ma philosophie, il était plus digne de voler que de demander l’aumône : le vol était plus noble, parce que le risque et le châtiment