Page:Londres - Au bagne.djvu/155

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venez par ici. Au milieu des forêts secrètes, vous ne rencontrez que voleurs, assassins, bandits. Tous vous disent bonjour, vous servent, vous aident à franchir une crique. S’ils sortent leur couteau, c’est pour vous le prêter quand vous avez besoin d’ouvrir une boîte de conserves. Ils pourraient vous couper en douze morceaux. Rien ne les gêne. Ils ont le temps, le lieu s’y prête. Ils n’y pensent même pas ! Dix-huit jours, j’ai circulé dans les bois sans protection. Comme gardes du corps : trois bagnards ; un vampire, deux meurtriers. Mes rencontres ne valaient pas mieux. Si ces compagnons avaient vu le tonnerre tomber sur moi, ils se seraient mis en travers. On m’a volé sur bien des routes, dans le monde ; ici, non.

Est-ce bien travaux forcés que l’on devrait dire quand on parle de la peine du bagne ?

Surveillés forcés.

Maigreur forcée.

Exil forcé.

Cafard forcé.

Maladie forcée, oui.

Travaux forcés ? Pas autant !

Dans tous ces camps, l’homme travaille de cinq heures à midi. Pendant ces sept heures, il doit faire le stère. Après, il rentre à sa case, mange, dort, est libre jusqu’au lendemain cinq heures.

Il est libre à l’intérieur du camp. Il cultive son petit jardin et « fait de la camelote ».