Page:Londres - Au bagne.djvu/161

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Guyane comme moralisateur dit : « Le relégué est un grand enfant qui ne sait pas se conduire. »

Avec ses lunettes et ses bottes, M. le pasteur est bon. Il est même très bon.

Aucun de ces grands enfants qui n’ait sur la conscience moins de six vols reconnus. Beaucoup en sont à vingt, trente, plusieurs à quatre-vingts, et à cent. C’est la crème la plus épaisse des fripouillards de France. Et là, c’est Paris qui donne.

— T’viens-ti du faubourg Saint-Denis ?

— Presque !

— Alors, t’es bien de Paname.


LE RELÉGUÉ VOLÉ


La relégation est un bagne.

— Faut bien que vous expliquiez ce que c’est. Asseyez-vous. On va vous payer une limonade. Voulez-vous une sardine ? Nous sommes des interdits de séjour et non des forçats. Eh bien ! cherchez la différence entre un relégué et un transporté. Nous sommes habillés comme eux. De cela on se balance. Mais nous devons travailler ! faire le stère ! On nous nourrit, c’est vrai. — Riton ! va chercher la bidoche. — On va vous montrer comment on nous engraisse. Ne goûtez pas, mais pesez. On passerait sur le goût, c’est le poids ! Tout cuit : 95 grammes de bœuf. Nous avons l’eau qui fait bouillir ce bœuf, la boule de pain.