Page:Londres - Au bagne.djvu/230

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C’était de son bienfaiteur qu’il parlait ainsi. En lui rendant la vue, l’homme de science l’avait jeté dans la misère. C’est l’histoire du forçat.

Quand on est forçat, on mange, on fume, on bricole. La fièvre vous mord-elle ? Si l’on sait s’y prendre, on reçoit une bonne couverture. Sans souci du lendemain ni de la colonisation, on rend grâces à Dieu de la boule de pain et des 95 grammes de bœuf. Ah ! le bon souvenir ! monsieur ! Le libéré passe son temps à soupirer après les travaux forcés !



Nous touchons à une grave erreur du bagne.

C’est la loi, mais la loi s’est trompée.

Répétons-nous encore une fois. Quand un homme est condamné à cinq ou sept ans de travaux forcés, sa peine achevée, il doit demeurer encore cinq ou sept ans en Guyane. C’est ce que l’on appelle le doublage.

Quand un homme est condamné à huit ans et plus : ce n’est pas alors pour lui : quitte et double, mais quitte et crève. Il doit rester toute sa vie sur le Maroni.

Bien.

La loi a pris cette mesure pour deux motifs : 1o l’amendement du condamné ; 2o les besoins de la colonisation.

Très bien.