Page:Londres - Au bagne.djvu/25

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— Pousse !

La première barque partit, la seconde suivit.

Ils contournèrent le paquebot pour prendre le courant. Leurs bras de galériens étaient musclés. Sur ces mers dures, le métier de canotier, si recherché soit-il, n’est pas pour les paresseux. Ils ramaient bouche close pour ne pas perdre leur force. La faible lueur du Biskra ne nous éclaira pas longtemps. On se trouva dans une obscurité douteuse. Instinctivement, je me retournai pour m’assurer que les deux forçats assis derrière moi n’allaient pas m’enfoncer leur couteau dans le dos. J’arrivais. Je ne connaissais rien du bagne. J’étais bête !

— Eh bien ! l’amiral, dit Decens à celui qui tenait la barre. Qu’as-tu fait de ton surveillant, aujourd’hui ?

— Il embrouille les manœuvres. Ce n’est pas un marin. Je lui ai dit de rester à terre, qu’on irait plus vite !

— Penchez-vous à gauche, chef, me dit l’un, entre ses dents, nous arrivons aux rouleaux.


LITTÉRATURE DE TATOUÉS


Je tirai de ma poche une lampe électrique et la fis jouer. Sur le torse de celui qui me faisait face, j’aperçus une sentence, écrite avec de l’encre bleue. J’approchai la lampe et, dans son petit