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L’EXPIATION D’ULLMO


— Tenez ! le voilà ! c’est lui !

Il remontait du port par la rue Louis-Blanc, un parapluie pendu à son bras, vêtu d’un méchant habit de coutil noir, et il marchait d’un pas lent, du pas d’un homme qui pense profondément.

Jeannin, Jeannin le photographe, sauta sur son appareil, bondit et saisit l’homme dans son viseur. L’homme ne se retourna même pas. Il était indifférent à toute manifestation humaine.

C’était Ullmo, ex-enseigne de vaisseau de la marine française.

Il avait quitté le Diable (l’île du Diable) depuis cinq semaines. Quinze ans ! Il était resté quinze ans sur le Rocher-Noir, dont huit ans tout seul, tout seul. La guerre lui avait amené des compagnons, d’autres traîtres. Enfin ! on l’avait transporté sur la « grande terre ». Les internés des îles du Salut appellent Cayenne la « grande terre ! ».

Ce n’est pas une faveur qu’on lui fit. C’est le jeu normal de la loi qu’on lui appliqua, très lente-