Page:Londres - Au bagne.djvu/59

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ment. La loi dit : « Tout condamné à la déportation perpétuelle dans une enceinte fortifiée, pourra, au bout de cinq années de sa peine, être transporté sur un continent… » Mais, au bout de ses cinq années, Ullmo trouva 1914. Ce n’était pas précisément une date favorable à sa libération. Bref, la guerre lui fit du tort — à d’autres aussi ! Elle lui coûta dix années de plus de châtiment total. On lui laissa continuer jusqu’en 1923 sa longue conversation avec les cocotiers et les requins.

Ullmo, dit-on ici, est un malin. S’il est sur la « grande terre », c’est qu’il s’est fait catholique. Sans le curé de Cayenne, il sécherait encore au « Diable ».


LE PÈRE FABRE


Ullmo s’est fait catholique.

Sans le père Fabre, curé de Cayenne, le gouverneur de la Guyane, même après quinze années, n’aurait pas signé le désinternement d’Ullmo. Le père Fabre a répondu d’Ullmo. Il a dit : « Je prends la chose sous ma responsabilité. »

Sans situation, sans un sou, même marqué (la petite monnaie de Cayenne s’appelle sous marqués), il était promis, comme tous les libérés, aux tonneaux de poissons pourris du marché couvert.

Le père Fabre le logea au presbytère.