Page:Londres - Au bagne.djvu/61

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chissez, lui dis-je. Écrivez-moi, je reviendrai dans six mois. »

Ce fut une belle conversion, pure et entière. Quand je retournai au Diable, j’avais le Bon Dieu dans ma soutane.

Je portais à Ullmo la première communion.

Entre Royale (l’Île Royale) et le rocher… Vous en revenez ? Vous connaissez ce passage ? Ce jour-là, ce fut plus infernal encore. Et les requins ? Ce n’est pas pour ma soutane que je craignais, mais pour le Bon Dieu !

Ullmo communia dans sa case. La case tremblait sous ce vent furieux. Une lampe faite dans un coco représentait seule la pompe catholique. Sur cette lampe, de Boué, de la bande Bonnot, avait gravé, à la demande d’Ullmo (peut-être avec son surin), un des plus beaux versets des psaumes : « Si l’Éternel ne bâtit la maison… »

Maintenant Ullmo est catholique. Qu’on le laisse en paix. Ne comptez pas sur moi pour le voir. D’ailleurs, il est invisible.

Sitôt arrivé à Cayenne, Ullmo chercha du travail. Au début de sa peine l’argent ne lui manquait pas. Lettres et mandats arrivaient régulièrement. Du jour où il se fit catholique, sa famille rompit. Elle avait passé sur le crime contre la patrie, mais se dressa devant le crime contre la religion. Elle n’a pas renoué. Il est lamentablement pauvre.

Le père Fabre lui donna une paire de souliers