Page:Londres - Au bagne.djvu/62

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ecclésiastiques. Avec quinze francs qui lui restaient il acheta cet habit de coutil noir. Quant à son parapluie, c’était celui de la bonne du curé…

Il alla de maison en maison. Il disait : « Prenez-moi, prenez-moi comme domestique. » On lui répondait : « On ne peut pas prendre un ancien officier de marine comme domestique. » Il répondait : « Je ne suis plus le lieutenant Ullmo, je suis un traître. »

Il faillit entrer à la Compagnie Transatlantique. Mais le gouverneur dit non. Avec les bateaux, il pourrait s’évader. « Je n’ai plus de parole d’honneur, mais j’ai ma foi, dit-il. Sur ma foi je jure que je ne m’évaderai jamais. » Mais ce fut non. On le voit rôder dans les bureaux du gouvernement.

Au gouvernement, on emploie des assassins, des voleurs, comme « garçons de famille ». Mais, lui, on le chassa. « Courage ! lui disait le Père ! Courage ! » Le jour d’une grande fête religieuse à Cayenne, je le vis qui suivait de loin une belle procession : il avait les yeux sur le Saint-Sacrement que portait son bienfaiteur et chantait avec les petites filles noires :


Que ta gloire, ô Seigneur,
Illumine le monde !
S’il te faut notre cœur…


Mais il n’avait pas encore trouvé de place. Il frappa aux comptoirs Chiris, il frappa aux comp-