Page:Londres - Au bagne.djvu/94

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de cinquante à cent francs. Quand on est d’accord, cinq ou six, on prend date avec lui. Il doit nous conduire au Brésil. Et voilà pourquoi tous les camarades qui, depuis deux ans, sont partis avec lui, n’ont plus donné de nouvelles, voilà pourquoi !

— Eh bien ! pourquoi ? demande le chef.

— Il nous prend dans sa goélette, tout près de Cayenne, à la crique de la première brousse. Une heure après, passant devant la seconde crique, il nous dit de descendre sous prétexte de faire de l’eau. Lui reste dans le bateau, épaule son fusil et il nous abat. Ensuite, il vient, il nous ouvre le ventre et vole notre plan. (Tous les évadés ont de l’argent ; le plan est ce tube porte-monnaie qu’ils font remonter dans l’intestin).

— Et toi ? demanda-t-on au blessé.

— J’ai pu échapper, je n’avais que l’épaule traversée. Mais il m’a poursuivi. Il m’a cherché deux heures dans la brousse. J’étais caché sur un arbre. Je suis revenu pour tout vous dire. On nous tue tous !

— C’était vrai, fit le commandant. La cour d’assises de Cayenne ne l’a pas condamné à mort, elle a sans doute pensé qu’une fois au bagne, les forçats s’en chargeraient. Mais qui connaîtra jamais les réactions du bagne ?

Nous arrivions devant un logement.

— Voici votre maison, au revoir ; à demain !