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CHEZ LES FOUS



Une fois, j’ai fait un rêve : j’ai vu tous nos fous réunis dans une île. On leur avait abandonné ce territoire. Ils avaient nommé un roi, ils avaient élu une Chambre. Pour ce qui est de cette Chambre ils ne s’étaient permis la moindre innovation personnelle, ils avaient copié le Palais-Bourbon, cela leur avait suffi.

Chaque fou avait repris son ancien métier. Les chirurgiens coupaient, les médecins administraient le clystère. Les romanciers pondaient, les dames du monde recevaient, les sages-femmes en délire mettaient au monde.

Les chefs de gare portant un collier de sifflets faisaient partir les trains tous à la fois comme un lâcher de pigeons voyageurs.

Les coiffeurs séparaient méticuleusement, en deux parts égales, les cheveux du client, ensuite ils tondaient un côté et ils frisaient l’autre.

Les pharmaciens préparaient d’un seul coup et dans un unique baquet les ordonnances de la journée, et venaient à cette citerne remplir leurs flacons qui, eux, portaient la formule demandée.