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Les « Caïds »

— Moi ? Je n’ai rien à dire. Je ne vous connais pas et ne veux pas vous connaître.

C’était un jeune colosse que l’on imaginait tout de suite capable d’aller à un sixième étage livrer un piano sur son dos.

Il secouait la tête à la manière d’un chien qui sort de l’eau et répétait : « Rien à dire. N’vous connais pas ! M’fous de tout le monde… »

C’était mon premier « caïd ». Je l’ai rencontré là-haut, à la frontière du Rif, où l’on entend le canon. Le canon des Français ? Le canon des Espagnols ? Les deux. Le colosse comptait à la section spéciale du 1er  bataillon d’Afrique, à Ouezzan.

Il avait d’abord été « joyeux », puis « pègre ». Ses deux ans de travaux publics achevés, il remonta au bataillon finir son temps. Je dis « finir » par respect de l’expression