Page:Londres - Dante n’avait rien vu.djvu/191

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— Sept ans après, 1920. Alors, attendez. C’est à ce moment que je n’allais plus rien comprendre. Le voyage à pied dura vingt-deux jours, pas ? J’arrive à Meknès. Je m’habille comme tout le monde. Là, je vois des soldats marocains qui s’en allaient et j’entends dire : « Ils vont en Allemagne ! »

— Pourquoi qu’ils vont en Allemagne ?

— Pour garder le Rhin ! qu’on me répond.

— Alors, c’est les Marocains qui gardent le Rhin, à présent ?

— D’où que tu sors ?

— C’était un chauffeur à qui je parlais. Je ne pouvais pas lui dire d’où que je sortais. Alors, je ne dis rien. Ce fut comme ça pendant deux jours. Je n’osais pas interroger, je voyais dans les journaux : « Les bolcheviks marchent sur Varsovie ! » Qu’est-ce que c’est que les bolcheviks ? que je demandais. Voilà que de nouveaux peuples avaient poussé sur la terre ! On me dit : « Les bolcheviks, c’est des Russes, eh ! ballot ! » Alors, je crus que c’étaient des espèces de Lapons qui s’étaient réveillés et descendaient comme des pirates vers les pays chauds. Guillaume, que je connaissais ― que je connaissais comme tout le monde ― il