Mers-el-Kébir.
— Petit gars, où habite le maire ?
Quand le militaire ne « rend » pas, on se rabat sur le civil.
— Là, m’sieu, où est la dame qu’a un corsage rouge.
Le maire faisait la sieste. On le réveilla. Je pensai : « Qu’est-ce que je vais encore prendre ? » Il apparut, un œil ouvert, l’autre toujours clos. Je lui dis que j’avais besoin de lui, au sujet des exclus. « Mais avec plaisir », fit-il en ouvrant son second œil. Voilà un homme ! Je l’aurais embrassé…
— Comme maire, qu’en pensez-vous ? Dévastent-ils votre commune ?
— Ils sont dans le fort, ils ne me gênent pas.
— Ils n’en sortent jamais ?
— Tous les dimanches, comme des soldats ordinaires. Voilà peu de temps, ils vous auraient édifié. Aucun ne manquait la messe. On les voyait traverser sagement le village, entrer à l’église, prendre de l’eau bénite à la porte, chanter, s’agenouiller et communier.