le charbon, puis je suis venu à Marseille, puis je me promenais sur le boulevard…
» — Veux-tu aller te faire habiller, dit un sergent, un Allemand. »
L’homme sauta d’un coup par-dessus ces trois années révolues, et, me prenant à témoin, jeta ce cri : « Je ne suis pas Ivan Vassili ! »
Je l’interroge encore :
— On vous a reconnu au 2e étranger ?
— Personne, personne ne m’a reconnu. On m’a mis à la place d’Ivan Vassili, et Ivan Vassili n’existe pas. Ce n’est pas moi et ce n’est pas un autre.
» Alors ― il revenait, d’un nouveau coup, trois ans en arrière ― je me suis battu, je me suis battu pour dire ― je ne parlais pas encore bien le français ― que j’étais Constantinidis Ionès. Je me suis battu tous les jours. Les autres venaient derrière moi et murmuraient : « Ivan Vassili ! » Je me retournais et je me battais. Un jour, ce fut un sergent. Et je me suis battu avec le sergent et ― il éleva son moignon ― le sergent m’a fait perdre ma main d’un coup de feu. Ce fut le conseil de guerre. »