Page:Londres - Dante n’avait rien vu.djvu/84

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mes ennemis sans cœur. Je me procure une cuiller coupante et lacère le marabout. L’adjudant arrive et demande : « Qui a fait ça ? » Je sors et réponds : « C’est moi. » Il me dit : « Ton affaire est faite. » Et il s’en va.

« Demandez maintenant au sergent Flandrin si je ne suis pas bon détenu et bon travailleur, et voyez l’état d’exaspération où l’on nous mettait.

« Une demi-heure après, le sergent M… m’appelle : « Sors, me dit-il, l’adjudant te demande.» Je sors en toute confiance, et je tombe dans un guet-apens. L’adjudant que je ne pouvais pas encore voir, m’envoie dans le dos un formidable coup de manche de pioche. Je veux riposter mais j’avais les reins brisés comme un chat et je reste sur le sol. Aussitôt, l’adjudant me saute dessus et n’écrase sous ses talons. J’étais dès lors impuissant. Il me fait transporter sous le marabout, me met les fers aux pieds et aux mains, relie les deux appareils par une corde savonnée, c’est ce que nous appelons la crapaudine, et il me laisse ainsi pendant six heures dans une position tellement torturante que je crus casser ma pipe.