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Page:Londres - L’Âme qui vibre, 1908.djvu/102

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BONHEUR

Regarder l’eau dormir au fond d’un carafon,
Et savoir que son âme est ainsi calme et saine ;
Ne pas être assailli par un désir obscène
À l’heure où l’on recherche, en un passé profond,

Le souvenir câlin d’une idylle lointaine.
Ne pas examiner les choses dans leur fond,
Se garder de troubler le dépôt qu’elles font :
Le dessous du bonheur est souvent fait de peine.

Ignorer, si l’on peut, qu’aux murs de son hôtel
Les humbles ont jeté leur douloureux appel
Et qu’un chagrin ne vient jamais sans une escorte.

Croire au baiser sans en éprouver le besoin,
Plaindre les malheureux qui, pourtant, n’en ont point,
Et penser que sa mère aimante n’est pas morte !