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L’ÂME QUI VIBRE


II

Nazaréen ! Nazaréen ! Écoutez-moi :
Vous comprendrez alors pourquoi je sollicite.
Nazaréen ? Le fruit d’un amour illicite
Ne doit pas pour cela, je crois, mourir de froid ?

Pour cet enfant déjà meurtri, je vous incite
À la pitié, je vous demande un peu d’émoi.
Je lui ferai plus tard un bel acte de foi,
Quand il saura causer, pour qu’il vous le récite.

Il n’a pas su qu’il allait naître en plein hiver,
Qu’il n’aurait ni berceau, ni chants, ni lieu couvert,
Qu’il essuîrait le vent du nord, sitôt ! si jeune !

Tranquille, il est venu sans se douter de rien,
Sans savoir qu’il allait forcer sa mère au jeûne ;
Il est né comme vous : sans respect, sans soutien…

Vous avez fait pourtant un grand homme de bien !