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L’ÂME QUI VIBRE


Et je ne l’ai pas fait car je sais que l’été
En oiseau quelquefois vient s’y poser et chante ;
Et que je me souviens que tu semblais contente
Quand un oiseau venait près de toi pour chanter.

Oh ! dans l’embrassement de ses deux bras funèbres,
As-tu la paix de l’âme et le repos du cœur ?
Oh ! je tremble en songeant que tu peux avoir peur
Quand les pins, sous le vent sifflent dans les ténèbres.

Mais attends que le siècle ait fait encore un tour,
Nous ne souffrirons plus alors notre torture,
Car, puisqu’en ses malheurs on croit à l’Écriture,
La trompette viendra nous réveiller un jour.

Nous nous reconnaîtrons malgré la foule et l’âge,
Moi, j’aurai le regard de ton amour hanté,
Tu n’auras qu’à tenir en main, de ton côté,
Le cœur que tu m’as pris au seuil de ton voyage.

Et nous nous en irons aux déserts les plus loins
Afin de nous conter dans le silence austère
L’histoire de nos jours passés six pieds sous terre,
Et de n’avoir que nous comme amis et témoins.