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L’ÂME QUI VIBRE


J’ai volé des baisers au hasard de l’amante,
Je les ai toujours pris sans cœur reconnaissant.
Comme un moineau siffleur prend du pain au passant.

Oh ! j’ai péché, bien sûr ! Car je suis, dans la vie,
Celui qui ne sait pas résister à l’envie ;
Je suis le pénitent qui, malgré ses grands mots,
N’a jamais fait honneur à son ferme propos ;
Je suis le faible d’âme et la proie éternelle
De tout ce qu’un hasard fait luire à ma prunelle ;
Et je serai toujours, poursuivant mon destin,
L’esclave involontaire et soumis de l’instinct.

C’est pour cela que j’ai péché plus qu’on ne pense.
C’est pour cela, peut-être aussi, que j’ai trouvé
Dans le cœur de chaque homme une même indulgence.
C’est pour cela que, ton jour étant arrivé,
Et ne voulant, pas plus qu’eux tous, être sévère,
Tu me pardonneras, ô mon anniversaire !

Et, m’ayant pardonné, tu me dorloteras
Afin de m’endormir au berceau de tes bras.
Et tu feras revivre et chanter dans mes rêves
Le temps où je trouvais toujours les nuits trop brèves ;
Le temps où mon baiser,
En s’envolant joyeux, savait où se poser,