Aller au contenu

Page:Londres - L’Âme qui vibre, 1908.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LE DEMI RÉVEIL

Si tu n’es pas un mythe, Apollon, je t’invoque,
Car nous sommes trahis par toute notre époque.
Les poètes, vois-tu, sont traités en galeux.
Apollon, dieu des Arts, ne peux-tu rien pour eux ?
Chassé par les rumeurs de la foule unanime,
Descendu de sa tour, ton cher enfant chemine.
Même dans le pays que sa voix a chanté,
Le poète, aujourd’hui, n’a plus droit de cité.
Portant sa lyre ainsi qu’on porte une besace,
En dehors de la ville il arpente l’espace.
Laisseras-tu longtemps, Apollon, dieu des Arts,
Les âmes de ton âme errer sur les remparts ?

Si, pourtant, ils voulaient prendre parmi les êtres
La place qu’autrefois occupaient leurs ancêtres ?
Si, dans la même barque, en rameurs résolus,
Ils remontaient le flot qui ne les porte plus ?