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MÉLOPÉE POUR UN VENDREDI-SAINT


Ô vent ! donnez plus de douleur et moins de mots,
Aujourd’hui, pour pleurer, tous les cœurs sont jumeaux,
Les mots ne calment pas les maux !

Vos pleurs ne calment pas nos pleurs, même l’airain
Ne pourrait étouffer nos pleurs de pèlerin.
Nos pleurs sont des fleurs de chagrin.

L’enfant du pauvre aima cette voix de la foi.
Et la voix, derrière elle, avait mis en émoi
D’autres voix suivant en convoi ;

« Que nos cœurs soient percés par le fer du remords,
« Que le remords tourmente encor les pêcheurs morts.
« Qu’il soit un fou coursier sans mors. »

Et l’écho de ces voix résonna dans le soir !

L’Église, en ce jour saint, devient un reposoir,
Où vont les fidèles en noir.

Au chemin de la croix, ils s’en vont les chrétiens,
Qu’ils sont beaux ! quand ils vont, robustes de soutiens,
Pleurer, mon Dieu ! sur l’un des tiens !