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LE SUICIDE

L’homme, ayant réfléchi, d’un effort surhumain
Se dressa pour subir sa dernière minute.
Il avait trop longtemps tenu tête à la lutte
Sans pouvoir regagner jamais le droit chemin.

Son honneur n’avait plus l’espoir d’un lendemain,
Il ne pouvait risquer une nouvelle chute ;
Alors, ayant dompté tous ses nerfs en tumulte,
Il prit un revolver froidement dans sa main.

Les yeux rouges de sang et les dents découvertes,
Stoïque, il le porta dans sa bouche entr’ouverte,
Mais il retira l’arme et son corps se glaça.

Honteux d’avoir faibli, fort d’une ardeur nouvelle,
Il mit le canon froid sur sa tempe et pressa…
Et le plomb s’en alla ravager sa cervelle.