Page:Londres - L’Âme qui vibre, 1908.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

FAISEUSE D’ANGES

L’alcôve est sombre, et sur le papier blanc du mur,
Des anges, vers les cieux, s’en vont à tire-d’aile.
Deux femmes : l’une ouvrant large son escarcelle,
L’autre y laissant glisser de l’or qui sonne pur.

De grands volets feutrés font ce réduit obscur,
Seule, une flamme tremble au bout d’une chandelle,
Alors, la vieille dit : « N’ayez pas peur, ma belle,
J’ai vingt ans de pratique et le pouce encor sûr. »

Sous un vieux baldaquin d’un ton vaguement bleu
La femme est étendue ; et, la vieille, en silence,
Fait un ange de plus pour la droite de Dieu.

Eh bien ! Messieurs ! Peut-on connaître de quels droits
Vous vengez le fœtus de ceux dont la naissance
N’aurait pas trouvé place à l’abri de vos lois ?