nuit. Celui qu’ils appellent l’Autre est à bout et geint dans le fond du canoë, l’homme calé, à cause du roulis, entre deux ballots de poissons secs !
— Il délire tout le temps, reprend Dieudonné, « Non ! Non ! qu’il dit, vous ne ferez pas ça, monsieur le directeur ! »
Il est loin, le directeur, qu’on lui dit. Il est à Saint-Laurent-du-Maroni ! On va vers l’Amazone, tu entends, réveille-toi ! On lui met des compresses d’eau salée sur le front. L’eau coule dans ses yeux et sur ses lèvres, ça le brûle. Il sort de son cauchemar pour y retomber.
Il nous faudra six jours de ce canot pour atteindre l’Amazone. Je les passe. Ce n’est que de la faim — les durs matelots ne sont pas compatissants et mangent devant nous sans rien nous donner — de la maladie, du chagrin, le chagrin de ceux qui n’ont pas la chance avec eux. Mais, dans l’histoire, cela n’est rien ; ce n’est pas plus que l’accompagne-