Page:Londres - L’Homme qui s’évada, 1928.djvu/231

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nous allions déjeuner avec appétit. Nous visitions le jardin botanique, gravissions le Corcovado. On nous vit plusieurs fois à Tijuca. Comme si cela ne coûtait rien, on s’offrit une belle petite balade jusqu’à Petropolis. S’il y avait des gens qui s’en faisaient en Amérique du Sud, ce n’était pas nous. Ne nous doutant pas du changement de temps qui se préparait au-dessus de nos têtes, nous prenions la vie par ses meilleurs côtés. Un homme, après quinze ans de bagne, a besoin de ressusciter ; j’aidais à ce miracle.

Une après-midi, vers trois heures, il commença de pleuvoir sur notre bonne humeur. Nous avions gravi l’échelle, je veux dire l’escalier qui conduit au consulat de France. L’heure était venue de retirer le passeport. J’apprêtais mon plus beau sourire en l’honneur du consul, quand l’éminent fonctionnaire, m’ayant fait entrer dans son bureau, me déclara ne plus pouvoir délivrer de passeport à Dieudonné. Dieudonné attendait dans