Page:Londres - L’Homme qui s’évada, 1928.djvu/31

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trottoir opposé ? Et ceux qui vous croisent sans vous voir ?

Et les meilleurs ? Les meilleurs qui restent indécis. Oh ! cette prudence des meilleurs ! Cette hésitation ! Cette main qui se tend mollement et comme dans l’ombre ! Ce regard qu’ils promènent autour d’eux, comme si ce regard avait la puissance de me faire disparaître, cette peur qu’on ne les voie avec le bagnard !

Quinze ans que cela dure, monsieur. J’ai beau y être préparé, je sens toujours, à ces moments, un choc au cœur, un chatouillement à l’épiderme, puis une honte, une pauvre honte contre quoi mon orgueil se cabre et qui me condamne à fuir les hommes le plus que je peux…

. . . . . . . . . . . . . . .

— Ce que je faisais dans la bande à Bonnot ? Laissez-moi me rappeler…

Il passa sa main, lentement, sur son front.

— Je n’ai connu la « bande à Bonnot » que par les rumeurs, alors que j’étais déjà